MITSOU
opéra-film
pour quatuor vocal et sept instruments
MITSOU
écouter un extrait:
commande de l'État
Le projet Mitsou trouve sa source dans cette lettre de Rilke écrite au jeune Balthus par laquelle le poète révèle au futur peintre l’existence de cette ouverture vers un autre temps, une autre réalité, dans l’infime intervalle entre le 28 février et le 1er mars : « un royaume indépendant de tous les changements que nous subissons. » Quel pourrait être ce royaume ? Plutôt que d’en faire un imaginaire compensatoire — et illusoire —, à l’abri du temps donc du tragique de la vie, il m’a semblé possible qu’un royaume soit « indépendant des changements » sans pour autant s’abstraire du devenir, marque de toute réalité. Qu’est-ce qui est à l’abri des changements tout en étant temporel ? Le cinéma — ce « temps scellé », comme l’a si justement nommé Tarkovski, qui saisit et imprime pour toujours une réalité éphémère et mouvante. Ce que Rilke nomme le « Crac » et que Balthus, devenu peintre, n’a non seulement jamais oublié mais a perçu comme la voie d’accès au réel plein et entier (permis, chez lui, par la réussite picturale), prend ici la forme d’un film en musique. L’apparition de cette brèche secrète transforme le théâtre en cinéma : le décor s’anime, passe de deux à trois dimensions, et l’enfant « entre » dans l’écran tandis que les chanteurs rejoignent la fosse pour donner voix à leur double cinématographique. Si l’enfant retrouve son chat, nous retrouvons, nous, quelque chose du cinéma des origines quand les images muettes étaient accompagnées par un orchestre de fosse. À ceci près que, loin de toute nostalgie, notre Mitsou est en couleur, sonore (la musique compose avec le son direct) et réalise un rêve d’opéra-film né au temps du muet mais irréalisable à cette époque, faute d’outils qui permettent, moyennant une extrême précision dans la direction musicale, de synchroniser chanteurs en fosse et acteurs sur l’écran. Ce paradoxe d’une modernité qui plonge ses racines dans un temps révolu — paradoxe qui rejoint celui d’un passé remis au présent —, permet peut-être de comprendre comment Rilke et Balthus nous ont conduit, discrètement, à partir d’une succession de scènes de vie quotidienne, simples, enfantines, vers l’Éternel retour, le Temps retrouvé ou encore le Paradis tel qu’imaginé par Aliocha Karamazov : — Karamazov ! s’écria Kolia, est-ce vrai que nous ressusciterons d’entre les morts, que nous nous reverrons les uns les autres, et tous et Ilioucha ? — Certes, nous ressusciterons, nous nous reverrons, et nous nous raconterons joyeusement tout ce qui s’est passé. Jean-Charles Fitoussi
bande-annonce:
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